Les besoins ont beau «se multiplier» en Outaouais avec la croissance démographique et l’immigration «qui met une pression sur le nombre d’écoles qu’il faut rénover, agrandir, construire et dans certains cas remplacer», le ministre Bernard Drainville n’est pas en mesure de confirmer si des projets en attente auront l’espéré feu vert dans la région.

Source:https://www.ledroit.com/actualites/education/2024/09/13/les-besoins-se-multiplient-mais-pas-dannonce-pour-loutaouais-dit-drainville-O7S4NW62SFGVXCITAWOBOA65GM/

De passage à Gatineau vendredi pour l’inauguration et l’agrandissement de deux écoles primaires des secteurs Aylmer et Hull, l’élu n’avait pas de réponse à offrir quant au fait que les centres de services scolaires sont sans nouvelles de la quinzaine de demandes d’ajouts d’espaces déposées au ministère en septembre 2023.

«L’évaluation des besoins, ce sont les spécialistes du ministère de l’Éducation [qui l’effectuent]. Une fois qu’ils ont évalué les besoins, ils me font une recommandation sur la priorisation des projets, alors les projets sont priorisés selon les besoins par les fonctionnaires, a-t-il dit. [...] Je suis conscient qu’en Outaouais, il y a beaucoup, beaucoup de besoins.»

M. Drainville plaide ne pas être en mesure, à ce stade-ci ― même si les annonces à ce chapitre viennent traditionnellement durant l’été ―, de faire une annonce quelconque en lien avec la liste de projets qui s’accumulent dans la région.

Il a entre autres réitéré être bien au fait du projet d’agrandissement de l’école secondaire Hormisdas-Gamelin, qui essuie des refus depuis 2020 malgré la surpopulation de plus en plus criante. À la rentrée, l’établissement du secteur Buckingham a accueilli 1769 élèves, si bien que la capacité d’accueil établie par le ministère pour le bâtiment (1479) est surpassée de 20 %. Selon les prévisions, le cap des 2000 écoliers pourrait être atteint d’ici 2026-2027, estime le Centre de services scolaire au Coeur-des-Vallées (CSSCV).

«On sait qu’il y a un besoin, on sait que le projet a été soumis, maintenant on a beaucoup, beaucoup de besoins. Éventuellement, le projet va se faire, maintenant il y en a beaucoup d’autres. C’est pour cela qu’on ne cesse d’augmenter les sommes [réservées pour les ajouts d’espaces dans le monde scolaire]», s’est exclamé M. Drainville.

«On investit comme jamais»

À ce sujet, il a rappelé à maintes reprises que l’enveloppe allouée à ce type de projets est passée de 9 à 23 milliards en six ans, soit depuis que le gouvernement Legault est en poste. Il précise aussi avoir fait quatre visites pour des ouvertures en Outaouais en à peine deux ans.

«On investit comme jamais en éducation. Cet argent-là sert à construire des écoles comme celle-ci [de l’Aigle, première école de nouvelle génération à Gatineau]. Il faut toujours ramener ces investissements à l’enfant, a-t-il poursuivi. Dans un bel environnement, la recherche le dit, l’enfant a encore plus de motivation, de persévérance, donc on augmente ses chances de réussir.»

La construction de l’école de l’Aigle ― qui comprend notamment 32 classes, un gymnase triple, un carrefour d’apprentissage et une salle polyvalente ― a nécessité des investissements de 49,8 millions de dollars, alors que l’agrandissement de l’école du Parc-de-la-Montagne ― qui a permis d’ajouter dix classes, une salle psychomotrice, un carrefour créatif, un gymnase double et quatre bureaux ―, a pu se réaliser grâce à une somme de 21,1 millions, précise le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais (CSSPO).

«C’est une belle journée pour l’Outaouais. [...] Ce qui est en fantastique, c’est qu’on en a 150 écoles comme celle-là qui sont soit construites, soit en construction. C’est le nouveau modèle des écoles au Québec. Les plafonds sont hauts, les corridors larges, les classes beaucoup plus grandes, il y a beaucoup de lumière, de grands gymnases, une très belle cour, etc.», a lancé le ministre en jetant un coup d’œil sur l’école flambant neuve.

Une moyenne d’âge de 57 ans

Selon lui, «on doit continuer d’investir en Outaouais», mais il tient à rappeler que l’année de construction moyenne des écoles québécoises est 1967.

«Les écoles du Québec ont manqué d’amour, d’investissements. C’est pour ça qu’on est en rattrapage».

Précisant que 20 000 élèves de plus se sont ajoutés dans la province à la rentrée (dont environ 1400 en Outaouais), Bernard Drainville note que«les besoins se multiplient» entre autres car l’immigration joue un rôle important dans la montée en flèche de la clientèle.

«Je sais qu’à Gatineau et en Outaouais, vous vivez une croissance démographique. Il y a de plus en plus d’enfants, certains qui sont des enfants qui arrivent [de l’extérieur du pays], alors il faut s’en occuper, les scolariser. C’est sûr que ça met une pression sur le nombre d’écoles qu’il faut rénover, agrandir, construire et dans certains cas remplacer», affirme-t-il.

Au CSSPO, le directeur général par intérim, Stéphane Lacasse, indique que dans la liste des quelques demandes en attente d’une réponse, celle qui est jugée la priorité numéro un s’avère la construction d’une autre école secondaire (1300 places), cette fois dans l’est du secteur Aylmer.

«Avec la croissance qu’on a connue au primaire, les enfants vieillissent et vont aller au secondaire dans les prochaines années», note-t-il.

Fortin veut plus de prévisibilité

Au vu de la liste des demandes et «des besoins immenses» en Outaouais, le député de Pontiac, André Fortin, n’est pas rassuré par les propos du ministre de l’Éducation. Il pense que les organisations scolaires sont en droit d’avoir «une certaine prévisibilité» de la part de Québec afin de mieux planifier les années subséquentes et les surplus de clientèle.

«Je pense que ce qui est un peu frustrant pour les gens en ce moment, c’est que c’est le silence radio. Ils ne savent pas ce qui va se passer, on ne leur dit même pas que ce sera accepté l’an prochain ou l’année d’ensuite, déplore-t-il. Les gens n’ont aucune espèce d’idée ce qui se passe et ces projets-là attendent depuis longtemps, je pense à Val-des-Monts, à Buckingham ou ici à Aylmer avec 18 classes modulaires (sur le terrain) à l’école secondaire Grande-Rivière.»