Posted on 13/09/2024
Depuis une semaine, on entend parler de restrictions budgétaires imposées au réseau collégial par le gouvernement pour le maintien, l’entretien et la rénovation des infrastructures.
Pourtant, l’exemple du délabrement des écoles primaires à travers le Québec montre bien que le fait de négliger l’entretien des infrastructures a des conséquences. Ça ne s’arrête pas là: le report du financement a aussi un impact direct sur la réussite éducative des étudiants, et ça, je pense que ça ne peut pas attendre quelques années...
Le financement insuffisant pour remplacer ou moderniser le matériel spécialisé dans les programmes techniques entraînera des répercussions majeures sur l’acquisition des compétences des étudiants. Plusieurs cégeps en mesurent déjà l’impact.
Dans certains cas, les équipements utilisés dans des domaines tels que le génie civil, les soins infirmiers et l’inhalothérapie sont devenus obsolètes ou défaillants. Par exemple, en génie civil, il est difficile de substituer des robots d’arpentage, en attendant le financement. En inhalothérapie, on peut penser aux simulateurs de soins respiratoires.
L’impact sur l’acquisition des compétences est donc significatif: les étudiants sortiront des programmes avec une formation incomplète, n’ayant pas pu maîtriser certaines technologies ou techniques couramment utilisées sur le marché du travail.
Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre dans divers secteurs, quel est l’impact sur les employeurs locaux qui doivent embaucher des étudiants plus ou moins formés? Est-ce à l’employeur de pallier une formation insuffisante au cégep en offrant l’enseignement de certaines techniques?
Si l’on considérait l’absence de matériel spécialisé non pas comme une dépense pour le réseau de l’enseignement supérieur, mais plutôt comme un investissement dans l’économie industrielle, peut-être que le gouvernement caquiste comprendrait mieux l’ampleur et l’importance du travail à accomplir...
Une pensée pour les jeunes hommes
Le financement des infrastructures touche aussi le maintien et le remplacement des infrastructures sportives. Les installations sportives contribuent de manière significative au bien-être physique et mental des étudiants, en particulier des garçons.
Dans un sondage Léger, commandé par l’Observatoire québécois des inégalités, 49% des hommes et 38% des femmes rapportent qu’ils vont au cégep notamment pour faire du sport.
Rappelons-nous que le réseau des cégeps a été mis en place à la suite du rapport Parent en 1967 afin de permettre un meilleur accès aux cycles supérieurs.
Toutefois, le bulletin de l’égalité des chances en éducation (2024) souligne que des écarts significatifs existent encore dans les taux d’accès et de diplomation collégiale, notamment, en fonction du genre des étudiants. En effet, les hommes sont moins nombreux que les femmes à accéder au cégep et à obtenir leur diplôme.
Dans un contexte où l’engagement sportif peut contribuer à la motivation académique, des installations inadéquates ne seront pas sans effets sur leur engagement.
Cette histoire de financement reporté est bien plus qu’une question de béton et de briques.
C’est une question de réussite éducative, de l’avenir de notre société et de notre main-d’œuvre qualifiée.