Alors que l’absentéisme est en hausse au cégep, les étudiants réclament l’abandon de toutes les sanctions liées aux retards et aux absences dans le réseau collégial.

Source: https://www.journaldequebec.com/2024/11/26/absenteisme-en-hausse-au-cegep--les-etudiants-reclament-labandon-des-sanctions

Alors que l’absentéisme est en hausse au cégep, les étudiants réclament l’abandon de toutes les sanctions liées aux retards et aux absences dans le réseau collégial.

De leur côté, les enseignants craignent les abus depuis que Québec a demandé de ne plus exiger de billet médical pour une absence de moins de cinq jours.

Les cégépiens sont de plus en plus nombreux à s’absenter de leurs cours, admet Antoine Dervieux, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

«Oui, c’est une situation qui est en hausse, mais il y a plusieurs facteurs qui ne sont pas pris en compte dans la situation», affirme-t-il, comme les enjeux de santé mentale ou la conciliation famille-travail-études, dans un contexte de précarité financière.

«Les étudiants et étudiantes ont besoin de travailler beaucoup plus, ce qui fait qu’ils ont moins de temps pour aller à leurs cours», ajoute M. Dervieux.

Fin de l'approche punitive réclamée

La fédération étudiante vient d’adopter un mémoire, dans lequel elle réclame l’abandon de «l’approche punitive» pour mettre en place des mesures «de soutien» pour contrer l’absentéisme, explique-t-il.

«Les politiques d’absentéisme restrictives, qui utilisent le bâton plutôt que la carotte, ont un impact sur la motivation intrinsèque de la population étudiante. C’est décourageant, ça a des impacts directs sur l’anxiété, l’angoisse et la détresse, c’est un cercle vicieux qui peut mener au décrochage scolaire», affirme le président de la FECQ.

Les politiques sur l’absentéisme varient d’un cégep à l’autre. Au cégep de Saint-Hyacinthe, un étudiant peut s’absenter jusqu’à 20% des heures consacrées à un cours, alors que cette proportion est de 10% au cégep de Chicoutimi, peut-on lire dans le mémoire. Parmi les sanctions, on peut retrouver l’exclusion du cours ou l’impossibilité de faire un examen.

La présence en classe a un impact sur les résultats scolaires, comme l’a démontré la recherche, mais ce lien est moins significatif pour les étudiants plus forts ou plus faibles, fait valoir la fédération.

La présence en classe n’est pas forcément liée à la maîtrise des apprentissages, ajoute Antoine Dervieux, puisqu’un étudiant présent physiquement à un cours pourrait en être absent mentalement, s’il passe tout son temps sur son cellulaire par exemple.

Les profs craignent les abus

De son côté, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) n’a pas pris formellement position concernant les mesures punitives reliées à l’absentéisme, mais réitère que la place d’un étudiant, c’est en classe. «Ça fait partie du travail d’étudiant d’être présent à ses cours», affirme son vice-président, Yves de Repentigny.

La gestion des retards et des absences en rajoute aussi une couche sur les épaules des profs, surtout depuis que les billets médicaux ne sont plus obligatoires pour justifier une absence à un examen.

La directive du gouvernement Legault émise ce printemps pourrait ouvrir la porte à des abus, craint la FNEEQ-CSN.

Un étudiant qui fait de l’anxiété de performance peut dorénavant se déclarer malade lors d’un examen et exiger une reprise quelques jours plus tard, illustre M. de Repentigny, ce qui pose des «enjeux d’équité».

De son côté, la Fédération des cégeps indique que les absences ne sont «généralement pas pénalisées» dans le réseau collégial.

Sa présidente-directrice générale, Marie Montpetit, se dit «ouverte à collaborer» sur cette question, soucieuse de «préserver un équilibre essentiel entre la rigueur académique, le bien-être des étudiantes et étudiants et leur réussite éducative», indique-t-elle dans une déclaration écrite.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a toutefois clairement fermé la porte à l'abandon des sanctions. «La place de nos étudiants, c'est sur les bancs de cégep», a-t-elle afffirmé, tout en ajoutant qu'elle «fait confiance» aux professeurs et aux établissements collégiaux à ce chapitre.

Avec la collaboration de Patrick Bellerose.